Crédit photo : La Grée des Landes - Yves Rocher.
Malgré les aléas géopolitiques et les crises économiques successives, l’industrie touristique poursuit sa croissance, s’ouvre à de nouveaux horizons et renouvelle son offre en permanence. Tourisme noir, vert ou solidaire, co-vacances, slow tourisme ou vacances créatives, autant de tendances qui viennent répondre aux attentes de consommateurs de plus en plus informés et exigeants. Parmi ces tendances, l’essor du tourisme de luxe écoresponsable semble être devenu un vrai moteur pour ce secteur majeur de l’économie mondiale.
Pendant longtemps, le tourisme de luxe a été synonyme d’excès et de caprices. De l’insouciance à l’inconscience il n’y a souvent qu’un pas, de quoi parfois ternir l’image d’une industrie qui a pourtant pris ses responsabilités depuis déjà quelques années. S’il reste encore des efforts à accomplir et de vraies incohérences à régler (partir à l’autre bout du monde en avion, même pour s’installer dans un éco-lodge, n’est pas vraiment raisonnable au niveau du bilan carbone, certains touristes habitués au confort ne sont pas toujours prêts à renoncer au changement quotidien de leurs draps ou de leur serviette de toilette), tourisme de luxe et écoresponsabilité ne sont plus irrémédiablement incompatibles.
Cette réconciliation a notamment été rendue possible par les nombreuses révolutions technologiques qui ont bouleversé notre monde : gestion des déchets, récupération de l’eau, énergies renouvelables, une meilleure gestion de l’impact de l’homme sur son environnement est aujourd’hui rendue possible et devenue plus accessible.
Par ailleurs, le comportement et les attentes des consommateurs de ce type de tourisme ont largement évolué. Sous l’impulsion de nouvelles générations de voyageurs sensibilisées au réchauffement climatique et à la recherche de nouvelles sensations (voyages thématiques, tourisme engagé, tourisme de mémoire) et de l’arrivée de contingents de touristes en provenance de Chine et d’autres pays émergents, les acteurs du secteur s’y sont tous mis. Si la prise de conscience était inéluctable, ne nous leurrons pas, il est aussi question de compétitivité et donc de viabilité de l’industrie touristique. D’abord le fait de petits acteurs, d’actions locales, de passionnés, la vague du green et du ‘’less is more’’ a gagné les plus grands groupes hôteliers mondiaux.
Au Mexique, un hôtel de la Riviera Maya offre un service de ‘’conciergerie de savon’’ : des savons fabriqués localement sont taillés et découpés sur mesure en fonction des besoins spécifiques de chaque chambre.
A Dubaï, le Mövenpick Ibn Battuta Gate, propose une borne de rechargement pour les véhicules électriques : un comble au royaume du pétrole !
Crédit photo : Le Mövenpick Dubaï.
À La Gacilly, l’éco-spa Yves Rocher La Grée des Landes a été totalement éco-conçu (toit végétalisé, nichoirs, ruches, partenariats locaux, potager, …) et affiche complet une grande partie de l’année séduisant aussi bien les habitués des palaces que les jeunes générations.
Les assiettes du Monte-Carlo Beach sont à 90% issues de l’agriculture biologique.
Global Hotel Alliance privilégie les expériences locales pour tous ces nouveaux touristes en quête de plus de sens.
Crédit photo : Monte-Carlo Beach.
La liste d’initiatives intéressantes est de plus en plus longue et force est de constater que, de petits gestes quotidiens à des projets intégrant les dimensions écologiques et responsables dès la conception, les avancées sont indéniables. Le virage a bien été pris comme en témoigne la multiplication des certifications locales ou internationales. Créé en 1993, le Green Globe a ouvert la voie à d’autres en mettant en place des procédures ISO et des listes de critères à respecter. Etre labellisé est devenu un avantage concurrentiel dans la lutte acharnée que se livrent les hôtels de luxe. Une concurrence que l’architecte Jean-Michel Gathy voit évoluer dans les années à venir : « Les hôtels de luxe vont être de plus en plus spécialisés. Avant, les hôtels voulaient offrir toutes sortes d’activités pour attirer le plus de clients possible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a beaucoup de nouveaux voyageurs venant des pays émergents, ce qui signifie qu’il y a assez de clients pour que les hôtels puissent affiner leurs offres. Nous allons voir des établissements qui se spécialisent dans la plongée, avec tout le dernier équipement et les meilleurs professeurs, ou le yoga, les cours de cuisine, le vin etc. Cela veut également dire que les hôtels de luxe vont devenir plus chers avec une offre plus large »
Hôtellerie de luxe et écoresponsabilité, une tendance devenue durable qui semble redéfinir la notion même de tourisme de luxe : plus simple, plus naturel, plus malin, moins bling bling. Sans pour autant renoncer à certains privilèges ou transiger sur la qualité de service. Un équilibre pas toujours simple mais à même de séduire une clientèle qui a toujours aimé être précurseur dans l’adoption de nouvelles habitudes de consommation.
Sources :
Eco-tourisme de luxe : "Less is more"
Tourisme durable : le label Green Globe se fait une place au soleil
Les nouvelles tendances de l’hôtellerie de luxe selon l’architecte Jean-Michel Gathy